performance
Création : Giullia Tellier et Lola Rudrauf
Dans une performance qui aborde l’aliénation et des futurs difficiles à penser, Sisyhe se dédouble et devient femmes. Sous l’épuisement de l’exploitation, quelle colères, quelle douceurs, quelle rencontres peuvent exister ?
Nous lisons dans le mythe de sisyphe une forme d’aliènation et un épuisement qui ne peut jamais advenir, et proposons à partir de là une ré-interprétation contemporaine et politique de cet épuisement. Le jeu corporel et sensitif mêle nos corps à la matière, introduit l’horizon de l’exploitation outrancière des ressources naturelles comme celui de l’éreintement de nos corps exploités, faisant s’entrechoquer plusieurs situations et espaces-temps. Nous travaillons la répétition de gestes précis, appliqués à des matières et des matériaux de constructions. Nous concevons la répétition comme un dépassement de l’imitation.
L’épuisement dû à la répétition de nos gestes nous permet d’interroger les rapports entre matières et corps, deux ressources exploitées. La performance condense ces réalités que sont l’étiolement des êtres exploités et le tarissement des ressources naturelles. Concrètement, nous donnons à voir leur interaction : la manière dont l’effort humain affecte une matière, mais également comment le corps reçoit une réponse de la part de la matière : par la tension des muscles, la vitesse absorbée, l’énergie déployée. Cet affaiblissement de nos muscles dû au jeu de force entre la matière et nos corps interroge les qualités de mouvement que nous allons adopter. A travers le poids, volume, flux (libre, continu ou saccadé) et temps, les matériaux transmettent une force sur nos propres corps. C’est dans ce jeu de force que le geste (en perdant son but) devient mouvement, que nos deux corps se rencontrent et se solidarisent par l’altération progressive de la matière et la fatigue.
L’épuisement est aussi un miroir tendu aux spectateurices. Vers leur propre fatigue, celle qui enchaîne et prend sa source dans le travail, la vie et les tâches quotidiennes, l’administration, les violences, la répétition de paroles et de gestes sensés être utiles et productifs. Pour autant, nous avons conscience que l’énergie que nous mettons à performer est à sa source une plus-value: notre travail de l’art n’est pas imposé, ni dirigé, mais recherché et pensé pour être partagé. Nous ouvrons ainsi sur la possibilité d’une autre énergie, et d’un autre épuisement que celui que nous subissons, créant par là une solidarité avec les spectateurices. La réalité performée et sa mécanique entraîne une reconnexion à nos propres corps, à l’Autre, et re-situe notre corporéïté comme terrain d’engagement.
performance
Création : Giullia Tellier et Lola Rudrauf
Dans une performance qui aborde l’aliénation et des futurs difficiles à penser, Sisyhe se dédouble et devient femmes. Sous l’épuisement de l’exploitation, quelle colères, quelle douceurs, quelle rencontres peuvent exister ?
Nous lisons dans le mythe de sisyphe une forme d’aliènation et un épuisement qui ne peut jamais advenir, et proposons à partir de là une ré-interprétation contemporaine et politique de cet épuisement. Le jeu corporel et sensitif mêle nos corps à la matière, introduit l’horizon de l’exploitation outrancière des ressources naturelles comme celui de l’éreintement de nos corps exploités, faisant s’entrechoquer plusieurs situations et espaces-temps. Nous travaillons la répétition de gestes précis, appliqués à des matières et des matériaux de constructions. Nous concevons la répétition comme un dépassement de l’imitation.
L’épuisement dû à la répétition de nos gestes nous permet d’interroger les rapports entre matières et corps, deux ressources exploitées. La performance condense ces réalités que sont l’étiolement des êtres exploités et le tarissement des ressources naturelles. Concrètement, nous donnons à voir leur interaction : la manière dont l’effort humain affecte une matière, mais également comment le corps reçoit une réponse de la part de la matière : par la tension des muscles, la vitesse absorbée, l’énergie déployée. Cet affaiblissement de nos muscles dû au jeu de force entre la matière et nos corps interroge les qualités de mouvement que nous allons adopter. A travers le poids, volume, flux (libre, continu ou saccadé) et temps, les matériaux transmettent une force sur nos propres corps. C’est dans ce jeu de force que le geste (en perdant son but) devient mouvement, que nos deux corps se rencontrent et se solidarisent par l’altération progressive de la matière et la fatigue.
L’épuisement est aussi un miroir tendu aux spectateurices. Vers leur propre fatigue, celle qui enchaîne et prend sa source dans le travail, la vie et les tâches quotidiennes, l’administration, les violences, la répétition de paroles et de gestes sensés être utiles et productifs. Pour autant, nous avons conscience que l’énergie que nous mettons à performer est à sa source une plus-value: notre travail de l’art n’est pas imposé, ni dirigé, mais recherché et pensé pour être partagé. Nous ouvrons ainsi sur la possibilité d’une autre énergie, et d’un autre épuisement que celui que nous subissons, créant par là une solidarité avec les spectateurices. La réalité performée et sa mécanique entraîne une reconnexion à nos propres corps, à l’Autre, et re-situe notre corporéïté comme terrain d’engagement.