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Crédit : Xavier Murillon

C’est grâce à plusieurs supports; la vidéo, la photographie et l’écriture, que j’aime interroger le mouvement en ce qu’il a d’organique, de sensitif, d’éphémère.
Grandissant dans un milieu marqué par les arts et la culture, j’ai commencé un cursus académique de danse classique à l’âge de six ans. L’expression dansée, le travail du corps et le mouvement deviennent rapidement une passion qui oriente mes choix et ma vie. Je découvre la danse contemporaine vers mes seize ans, qui me permet d’élargir et de multiplier les genres et les supports créatifs.
En 2015, soutenue par la fondation Cléo Thiberge Edrom, j’entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, dans le cycle supérieur de la notation du mouvement chorégraphique en écriture Benesh. J’y apprends l’écriture et la lecture de la danse pendant quatre années. Tout au long de cette période, je ne cesse de côtoyer de jeunes artistes talentueux dans le domaine de la danse mais aussi de la vidéo, de la musique et du cinéma. Ces rencontres font naître le désir de réunir ces arts que je considère complémentaires.

Écrire, filmer, penser la danse me permet d’explorer l’animalité des corps sans artifices, là où les rapports de force se déconstruisent en même temps que les mouvements se réalisent.
Mon travail chorégraphique est d’abord la manifestation sensible d’un rapport au monde et à un espace. Ces expériences chorégraphiques exposent une relation de dépendance aux lieux dans lesquels elles s’inscrivent. Elles donnent l’occasion, à partir de ce qui est observé sur place, d’une expérience visuelle et physique d’un lieu, de questionner l’idée d’instant.
Les frictions contenues dans les corps dansants se retrouvent projetées dans l’espace et forment une graphie qui leur est propre. Le corps est représenté dans ce qu’il a de plus simple, de plus dépourvu, de plus sensible. Je suis attachée à cette idée d’affranchissement des corps qui s’accomplissent en délaissant ce qui pouvait sembler nécéssaire, d’aller vers l’essentiel, de laisser apparaître les corps et la peau de la manière la plus simple et la plus évidente. L’effort et les différentes manifestations organiques laissent place à leurs empreintes éphémères; la transpiration, la respiration, l’épuisement.
Les mouvements sont viscéraux, sensitifs, intuitifs. Sensible à la question du genre, le corps perçu comme un terrain d’engagement doit s’affranchir des normes sociales pour délivrer un message fidèle aux revendications actuelles.

Mon approche du matériau chorégraphique considère la choréologie comme un matériau graphique et plastique, l’expérimente à travers différentes formes : la performance, l’installation, le dessin, le livre, l’espace scénique. À travers la vidéo et la notation de la danse, je tente de capter l’expression du mouvement qui par essence est éphémère. Cette graphie du corps l’ancre sur un support. Celui-ci devient une trace capable de traverser le temps et l’espace.

Pour plus d’informations et m’entendre parler de ma pratique :
Tous danseurs (Podcast), Dans la loge (Podcast)